La protection incendie en Suisse
De nos jours, nous ne connaissons les gros incendies de villes ou de villages que par la lecture de récits historiques. Aujourd'hui, il est en effet rare qu’un incendie touche plusieurs bâtiments, car nous disposons de mesures de protection efficaces. Dans cet article, vous découvrirez les origines de la protection incendie, son état actuel, ses effets et pourquoi des efforts restent nécessaires pour prévenir efficacement les incendies.ie er heute aussieht, was er bewirkt und warum es dennoch mehr braucht, um Bränden effektiv vorzubeugen.
La peur des gros incendies
À l'âge de pierre, les hommes cherchaient déjà à utiliser le feu pour leurs besoins quotidiens. Plus tard, ils l'ont fait entrer dans leurs habitations. Mais le feu n’a pas toujours bien pu être gardé sous contrôle, comme nous l'apprennent les récits des nombreux gros incendies survenus en Suisse. Jusqu’au XIXe siècle, il arrivait parfois que des villes entières soient réduites en cendres, parfois même à plusieurs reprises. À Romont (FR), par exemple, de gros incendies sont survenus en 1434, en 1476, en 1577 et en 1681, provoquant une destruction massive. L'un des derniers gros incendies de Suisse s'est produit en 1903 à Bonaduz (GR).
L’ampleur de ces incendies peut nous sembler surprenante. Mais en se penchant sur le mode de construction de l’époque, on en comprend mieux la raison : les maisons étaient souvent bâties en bois et les toits recouverts de paille ou de bardeaux. Une simple étincelle, provenant d'un foyer, d’une torche ou d’une forge, suffisait déjà à déclencher un gros incendie.
Les habitants ont compris que la manière de construire leurs maisons pouvait grandement influencer le développement des incendies. Ils ont donc augmenté la distance entre les rangées de bâtiments et utilisé de plus en plus souvent de la pierre. Et dès le début du XVIIIe siècle, des murs coupe-feu ont été érigés pour empêcher la propagation d’un éventuel incendie. Durant certaines périodes, il était interdit d'exploiter, à l'intérieur des villes, des ateliers alimentés par le feu. Les habitants avaient l'obligation d’avoir un seau et un croc à incendie à proximité. Il fallait entreposer le foin et le bois de chauffage dans des endroits sûrs et faire ramoner régulièrement les cheminées. Même si ces mesures ne sont pas comparables à la protection incendie actuelle, elles ont eu de premiers effets positifs.
Les ramoneurs portent chance
Cette croyance n’est pas si saugrenue. On sait depuis longtemps déjà qu’une cheminée bien ramonée diminue nettement le risque d’incendie. Le ramoneur sécurise les maisons et rend heureux leurs habitants, hier comme aujourd’hui.
L'évolution de la protection incendie
C'est en 1903 que fut créée l’Association des établissements cantonaux d'assurance incendie (AEAI). La protection incendie devint ainsi institutionnalisée et fut organisée pour la première fois à l’échelle intercantonale. Le guide de l’AEAI comportant les prescriptions en matière de police du feu a été publié pour la première fois en 1933. Il est aujourd’hui considéré comme le premier recueil de prescriptions de protection incendie connu en Suisse. Mais il a fallu encore attendre des décennies avant la parution de prescriptions de protection incendie à l'échelle nationale.
La première inscription dans le répertoire de la protection incendie AEAI date de 1950. Les entreprises pouvaient dès lors faire tester leurs produits par des spécialistes en protection incendie, qui garantissaient que les produits de protection incendie remplissaient les exigences de qualité requises et respectaient les normes fixées. Les produits qui avaient passé les essais avec succès étaient inscrits dans ce répertoire centralisé.
L’organisation actuelle de la protection incendie
Jusqu’en 2004, les prescriptions de protection incendie relevaient du droit cantonal. Depuis 2005, elles relèvent de la compétence de la Conférence suisse des directeurs des travaux publics, de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Cet organisme met en vigueur les prescriptions de protection incendie à l'échelle nationale par le biais de l’Autorité intercantonale des entraves techniques au commerce (AIET), sur la base de l’Accord intercantonal sur l’élimination des entraves techniques au commerce (AIETC). Les prescriptions ont ainsi force de loi, aussi bien dans les cantons avec un établissement cantonal d'assurance que dans les autres cantons (Uri, Schwytz, Obwald, Appenzell Rhodes-Intérieures, le Valais, le Tessin et Genève). La Principauté du Liechtenstein reprend aussi les prescriptions de protection incendie dans sa loi correspondante sur les constructions.
L’Association des établissements cantonaux d'assurance incendie (AEAI) a été désignée par l’AIET comme l’instance spécialisée pour les prescriptions de protection incendie. Elle élabore et tient à jour les prescriptions et répond aux questions et demandes. L’AEAI ne peut toutefois ni édicter elle-même des prescriptions (rôle de l’AIET), ni les faire appliquer (rôle des cantons).
Les établissements cantonaux d'assurance ou des autorités cantonales (dans les cantons sans établissement cantonal d'assurance) font appliquer les prescriptions de protection incendie et édictent les directives nécessaires au niveau cantonal. Pour les bâtiments avec un risque accru d’incendie, ils déterminent les mesures de protection incendie et effectuent des contrôles périodiques. Ils organisent également la réception des installations de détection d'incendie, des installations sprinklers, des systèmes de protection contre la foudre, etc.
Tout est un peu confus ? Alors voici un aperçu en image :
Les prescriptions de protection incendie s'adressent à tous les propriétaires et utilisateurs de bâtiments, mais également à toutes les autres personnes intervenant dans la planification, la construction, l'exploitation ou l'entretien d’un bâtiment. En tant que locataire ou propriétaire d’une maison ou d’un appartement, vous êtes donc vous-même responsable du respect des prescriptions de protection incendie. Si vous voulez savoir quels sont vos devoirs, nous avons rassemblé les informations nécessaires pour vous :
Vos devoirs en tant que propriétaire ou locataire
Les prescriptions suisses de protection incendie PPI 2015 sont en vigueur actuellement. Elles s’appliquent à tous les bâtiments et autres ouvrages, de la maison individuelle au stade de football. Bien sûr, les exigences varient fortement en fonction de l’affectation et du type de bâtiment. Au fil du temps, le mode de construction et les matériaux choisis changent, mais aussi nos exigences. Une nouvelle révision des prescriptions de protection incendie est donc prévue pour 2026.
Bon à savoir : Pour les prescriptions de protection incendie comme dans d'autres domaines, le principe de proportionnalité s’applique et il faut toujours se demander quel est le prix maximal que doit nous coûter notre sécurité. Les prescriptions actuellement en vigueur sont donc particulièrement axées sur l’économicité, dans le respect bien sûr du niveau de sécurité exigé. Un bon compromis suisse, en somme !
Les prescriptions de protection incendie AEAI actuellement en vigueur
Le répertoire de la protection incendie est basé sur les prescriptions de protection incendie. Il contient toutes les indications concernant la protection incendie pour les produits de construction soumis à des exigences de résistance au feu (produits de protection incendie). D’une part, les fournisseurs de produits de protection incendie (fabricants, distributeurs ou importateurs) peuvent faire inscrire leurs produits accrédités, mais aussi leur propre entreprise. D'autre part, les autorités de protection incendie, les projeteurs et les responsables AQ utilisent le répertoire comme aide de travail pour leurs projets. Le répertoire constitue une base sûre et uniforme pour tous les acteurs participant à la construction. Quand un ingénieur ou un architecte souhaite savoir quelle porte respecte les exigences des prescriptions de protection incendie, il peut consulter le répertoire de la protection incendie.
L’AEAI gère le répertoire de la protection incendie, établit et publie les reconnaissances et les renseignements techniques concernant les produits et les entreprises spécialisées. Quelques chiffres sur le répertoire de la protection incendie :
- 10 collaborateurs gèrent les inscriptions
- Ils traitent 1200 reconnaissances et renseignements techniques par an
- Le répertoire de la protection incendie comprend à ce jour plus de 6000 produits et entreprises spécialisées
Le répertoire de la protection incendie actuel
Des prescriptions efficaces
Les directives de protection incendie ont grandement contribué en Suisse à faire diminuer d’environ 50 % le nombre de morts dans un incendie au cours des 20 dernières années. L'analyse du Dr Clemens Schiestl, responsable du centre pour les enfants brûlés, la chirurgie plastique et reconstructive à l'hôpital universitaire pour enfants de Zurich, fait écho à cette évolution réjouissante :
« Le nombre d'enfants qui subissent des brûlures lors d’incendies domestiques, souvent avec inhalation de fumée, a très fortement baissé. Je dirais que nous avons un à deux cas tous les trois ans environ. Cette baisse est le résultat de la formidable prévention effectuée grâce aux prescriptions de protection incendie. La protection incendie en Suisse se situe à un niveau très élevé, ce qui a permis au fil des années de faire diminuer les brûlures étendues chez les enfants dues à des incendies domestiques. En tant que président de l’European Burn Association, je dispose d’une vue d'ensemble sur les données de toute l’Europe. Tout comme le Danemark, la Norvège et la Suède, la Suisse figure parmi les pays enregistrant le plus net recul des brûlures graves chez les enfants dues à des incendies domestiques. »
La protection incendie en Suisse et à l’étranger
Améliorer la sécurité ou éviter les incendies constitue une problématique mondiale. Mais l'approche varie beaucoup selon les pays. Nos voisins allemands et français adoptent une protection incendie basée sur des mesures. En fonction du type de bâtiment, des prescriptions d’installation préétablies s’appliquent et doivent être mises en application.
Dans l'espace anglo-saxon, les mesures de protection incendie sont définies seulement après une analyse du risque. Les risques menaçant le bâtiment sont d’abord évalués, puis les mesures de protection incendie sont définies en conséquence.
La Suisse est un pays de compromis, et c'est aussi le cas pour la protection incendie : ici, il existe une réglementation standard pour environ 80 % des bâtiments, sous la forme des prescriptions de protection incendie AEAI, et pour les 20 % restants, des solutions individuelles basées sur le risque doivent être trouvées.
La protection incendie, oui, mais pas que.
Nous le voyons, les mesures de protection incendie contribuent grandement à empêcher les incendies et à en réduire la propagation. Mais à quoi cela sert-il d’adopter les meilleures mesures et prescriptions si nous oublions des bougies allumées à la maison ou que nous laissons les plaques allumées en partant de chez nous ? Comme à l’époque des gros incendies de villages, la cause principale du feu reste l’inattention et la négligence. C'est là qu’intervient notre Centre d'information pour la prévention des incendies (CIPI). Nous rendons la population suisse attentive aux risques et lui montrons à quel point il est facile d’éviter les incendies.
À propos : Éteignez toujours complètement vos appareils électriques et n'utilisez pas le mode veille. Quand le courant ne circule pas, le danger d’incendie est bien plus faible. Ce sujet vous intéresse ? Voici toutes les informations : Conseils pour les appareils électriques.